FERTILITE - AZOTE


L’azote: un point clé des systèmes de grandes cultures en AB


Les deux principales problématiques agronomiques citées par les agriculteurs biologiques en grande culture (GC) sont la gestion de l’azote, en lien avec la fertilité des sols, et la maîtrise des adventices. Une enquête de la Commission Agronomie de l’Itab menée en 2014[1] a permis de préciser les besoins des producteurs en matière de recherche concernant la fertilité des sols.


En terme de fertilisation azotée, les attentes des agriculteurs bio portent sur:

- Une meilleure connaissance des disponibilités en éléments minéraux dans le sol: quand est-ce que ça minéralise?;

- La gestion des produits résiduaires organiques (PRO: fumiers, composts, engrais organiques): quand, comment, et pour quoi les apporter? Sans oublier la question plus globale de l’approvisionnement en PRO;

- La gestion de couverts végétaux (effet piège à nitrate en période de drainage, effet engrais vert): choisir les espèces, réussir l’implantation et la destruction;

- Les restitutions issues des cultures précédentes, les légumineuses en particulier.

L’analyse des suivis de fermes de référence effectuée par les Chambres d’agriculture d’Ile-de-France, de 2005 à 2013, confirme le besoin de travailler ces thématiques (voir encart): l’efficacité sur blé des engrais, lorsqu’ils sont utilisés, est très variable, avec un gain moyen en rendement de faible niveau. En parallèle, l’effet des précédents culturaux ressort nettement, confirmant le rôle essentiel que joue la luzerne dans ces types de systèmes de culture. Il convient donc de mieux raisonner la pertinence des apports, en fonction des précédents et des dynamiques de minéralisation, dépendantes de l’état du sol et du climat.

Les travaux rapportés dans ce dossier répondent en partie à ces questions. Ils nous montrent les progrès faits depuis une dizaine d’années pour aider les agriculteurs à mieux concevoir et gérer leurs systèmes pour y optimiser l’alimentation azotée des cultures. Attention néanmoins à également prendre en compte les autres éléments minéraux du sol (le phosphore en particulier, qui se gère sur le long terme) et la gestion des adventices: l’azote peut parfois plus profiter au développement de graminées indésirables qu’aux cultures visées!

Ces travaux ont aussi l’avantage de pointer les pistes de recherche à développer: place et conduite des légumineuses dans les systèmes de culture, en particulier en couverts végétaux ou en associations; références sur les engrais organiques (composition, forme de l’apport, efficacité) et leurs modalités et conditions d’utilisation (période d’apport, apport localisé, enfouissement…).


Pratiques d’apports d’engrais organiques sur le blé bio en Ile-de-France

par Charlotte Glachant et Claude Aubert (Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne)

Données issues du réseau des fermes de référence en grandes cultures biologiques franciliennes suivi par les Chambres d’agriculture d’Ile-de-France de 2005 à 2013.

Environ 60% des parcelles de blé biologique de ce réseau de fermes de référence ont été fertilisées entre 2005 et 2013. La dose apportée était en moyenne d’environ 100kgN/ha, variant entre 80 et 120kgN/ha suivant les années (Fig. 1).

Globalement, sans tenir compte des types de sols et des précédents rencontrés, les parcelles fertilisées obtiennent un rendement à peine supérieur aux parcelles non fertilisées (+2q/ha en moyenne) (Fig. 2). Ce résultat est cependant très variable suivant les années: +12q/ha en 2010, et -4q/ha en 2008, témoignant de l’importance de l’effet de l’année sur l’efficacité des engrais.

Lorsque l’on s’attache aux résultats des blés en fonction de leur précédent, on constate des différences importantes. En moyenne, les blés de luzerne obtiennent les meilleurs rendements: +6q/ha par rapport aux blés de protéagineux et +15q/ha par rapport aux blés positionnés derrière céréales (Fig. 3). On observe également que les parcelles fertilisées derrière protéagineux n’atteignent pas les rendements obtenus derrière luzerne sans fertilisation. L’effet précédent est donc primordial pour le niveau de rendement.








[1] Voir le dossier «Fertilité des sols» dans l’Alter Agri n°128, nov-déc 2014.





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